jeudi 20 août 2009

Back To Black n°1 ► Blind Faith (1969)

Aujourd'hui, il me fallait créer une nouvelle catégorie de chronique -qui sera à priori mensuelle- qui aura pour but de déterrer des perles cachées (Dieu seul sait qu'elles sont nombreuses) du temps et des critiques spécialisées (tout est relatif). Tâche relativement corsée puisque pour certaines, les informations seront rares, j'espère que l'aboutissement -ci-contre- vous plaira néanmoins et je pense qu'il est inutile de dire que chacune de ces perles sont à posséder absolument. Sur ce.
Et pour cette grande première, je mets la barre haute.. Très haute.
Il est de ces groupes que la dure loi du marché écarte d'un revers de bras, et ce fût le cas de celui-ci hélas. Nous sommes en 1969, l'ère flower power bat son plein, Woodstock réunit 400 000 jeunes hippies et marque l'histoire outre Atlantique, Led Zeppelin réveille l'Angleterre à coup de Communication Breakdown avec son blues-rock novateur et survitaminé et plusieurs grandes aventures viennent de se terminer. Explications: fin de l'année précédente, le premier véritable "super groupe" (nom donné à un groupe réunissant des pointures déjà connues de l'univers musical) anglais -également premier véritable power trio- s'est dissout (il s'agit du groupe Cream comprenant Jack Bruce à la basse et au chant, Ginger Baker à la batterie et un jeune freluquet du nom de Eric Clapton à la guitare, ni plus ni moins). Succède également un break dans le groupe Traffic de Steve Winwood qui souhaite réaliser un projet ambitieux avec un vieil ami guitariste et enfin le départ impromptu du violoniste du groupe Family à savoir Rick Grech. Et si je vous parle de tout ce beau monde, ce n'est évidemment pas par hasard. Vous l'avez dans le mille, toute cette joyeuse compagnie va se retrouver et donner naissance à un nouveau super groupe, celui dont il est question aujourd'hui: feu Blind Faith.
Composé du batteur fou alias Ginger Baker, de Rick Grech à la basse, le belle voix de Steve Winwood et la guitare magistralement tenue par le non moins éminent Eric Clapton (renommé God [Dieu] quelques années plus tôt), Blind Faith eût beau réunir l'un des plus beaux line-up qu'on eût espérer voir un jour (lui et celui de Traveling Wilburys), il n'en fût rien. Malheureusement, ô toi monde cruel, tu nous l'hôtas quelques mois après sa création déjà comme si elle ne fût qu'une erreur.
Et il est dur de ne pas crier au scandale, à l'injustice au vu du résultat premier -l'album unique du groupe donc- qui était plus que prométeur: génial. Si l'album fût réellement attendu par le grand public et la presse en ce milieu d'année de 1969, à sa sortie la déception fût de taille à qui voulait entendre un quelconque ersatz de Cream ou de Traffic (ce que la majorité attendait en vérité). Car dès juillet (le 17 pour être plus précis, soit un mois avant la sortie de l'album), la joyeuse troupe organisa un concert de promotion gratuit à Hyde Park (parc du coeur londonien) qui acceuilla quelques 100 000 personnes... Rien que ça. La presse s'empressa de rapporter l'événement et également la déception du public qui voulait y voir quelques chansons des anciens groupes de chacun des membres. Dès lors, malgré des tournées dans quelques pays (la Scandinavieet l'Amérique notamment) les réactions restèrent mitigées.
Pour essayer de garder une certaine crédibilité auprès du public, le groupe se vu obligé de jouer quelques titres de Cream ou Traffic mais rien n'y fît, dès la fin de la tournée, ne voulant pas être considéré comme un ersatz des dit-groupes, Blind Faith se sépara.
Et quelle séparation douloureuse quand on se rend compte du potentiel que recele cet album. Il faut savoir tout d'abord que pendant longtemps l'album fût un objet très rare (la côte du vinyl est d'ailleurs encore assez élevée) avant qu'il ne soit réédité en cd récemment (un tirage début des années 90 et quelques autres début des années 2000 jusqu'à aujourd'hui). Malgré tout à sa sortie les ventes ne furent pas si mauvaises que l'on peut l'entendre (un demi million un mois après sa sortie) mais il subsista une polémique plutôt gênante quant à la pochette de l'album. En effet, la pochette de l'album représentant une jeune fille nue de 11 ans tenant un avion à la forme plutôt étrange (je vous laisse deviner) fût plutôt mal vu, en plus de rumeurs circulant quand à l'origine de cette fille (une groupie/esclave du groupe, ou une fille caché du batteur Ginger Baker), notamment en Amérique où elle fût purement et simplement censurée puis remplacée par une horrible couverture de couleur crème avec le nom du groupe, une photo, et le line-up (photo ci-dessous). Travail de cochon (la photo, le titre et le line-up penche légérement vers le bas, le tout est mal cadré) et pochette plus que quelconque et moche qui ne correspond absolument pas avec le contenu du disque.
Fort heureusement, les tirages cd anglais garderont la pochette d'origine (bien qu'un peu plus cher) et une édition deluxe sera également sortie avec la pochette d'origine (en 2006) comprenant des 5 pistes bonus ainsi qu'un second cd de longs jams (minimum 12 minutes et ils sont 4 pour vous donnez une idée).
Mais venons-en au contenu du disque maintenant, et il suffit simplement de l'écouter une fois pour se rendre compte que l'industrie du disque est passée à côté d'un des meilleurs groupes de "rock" de tous les temps (les Stones ont eu chaud). Il faut tout de même savoir que le producteur du disque est l'excellent Jimmy Miller (Beggars Banquet et tout ce qui suivit des Stones -jusque Goats Head Soup de 73- c'est lui!) ami de Winwood rencontré quelques années plus tôt.
L'album démarre sur Had To Cry Today dans lequel on retrouve un Clapton en forme question riff culte (qui sonne assez Sunshine Of Your Love) même si le tempo de la chanson reste toujours assez lent. La voix fragile de Winwood nous accompagne jusqu'au premier solo de Clapton (inutile de préciser que c'est une tuerie) puis à travers un second (meilleur que le premier si c'eût été possible). La suite s'organise avec à ma connaissance la première ballade acoustique du Clapton, Can't Find My Way Home, qui est un titre écrit et composé par Winwood, très calme et appaisant (de toutes manières l'album est très calme à la différence d'un Cream). Well.. All Right revient avec un peu plus d'énergie et en fera chanter plus d'un et se voit doté d'un magnifique solo de piano à la fin sonnant très jazzy. Presence Of The Lord deviendra un titre souvent repris par Clapton durant sa carrière solo (puisqu'il en est le compositeur) et fait irrémédiablement penser à une chanson de lui qui paraitra l'année suivante avec Derek & The Dominos: Layla. La chanson est divine. Dans Sea Of Joy l'on remarquera les violons de Rick Grech et l'orgue hammond de Winwood, la chanson est peut être la plus dispensable de l'album mais reste de très bonne facture.
L'album se clôt sur Do What You Like, tempo et batterie très jazzy (ce qui n'est pas dans les habitudes de notre Ginger Baker de Cream mais qui s'en tire plutôt très bien ma foi) sont à l'honneur. Des solos de tous les instruments se succèdent (orgue de Winwood, guitare de Clapton, basse de Grech puis batterie de Baker -Mody Dick serait passé par là??) puis la chanson reprend pour un dernier couplet avant de se terminer en fade multisonore très étrange (les collages sonores et le psychédélisme serait passé par là??) et amusant.
Alors, si quelques uns d'entre vous sont encore sceptiques quant à la qualité hors-norme du disque (lui comme beaucoup d'autres à suivre), je vous invite à aller l'écouter sur ce lien. Vous pouvez également l'acheter avec la pochette originale sur celui-ci.
En espérant ne pas avoir été trop long, je vous dis à dans un -plus ou moins- mois pour une prochaine édition d'un Retour vers L'oublié!

2 commentaires:

  1. Merci pour cette très belle description de l'album cher amis, il n'y a pas beaucoup de doc en français sur un groupe comme ça, je n'ai que 15ans et mon niveau d'anglais est pas exeptionelle, je te remercie encore une fois ;-)

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  2. Groupe oublié? Mouais. Non.

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