dimanche 16 août 2009

Dossier poussiéreux n°1: Woodstock's 40th Anniversary

Peut-être sortez-vous d'un long coma de plus de 40 ans, habitez-vous en pleine brousse du Mozambique ou ne vous êtes-vous jamais penché sur un événement majeur de la musique contemporaine parce que l'on ne vous en jamais parlé, mais qu'importe. Aujourd'hui, vôtre bon Monsieur Anderson dépoussière l'un des plus grands événements (et pas que musical) du vingtième siècle et prenant place les 15-16-17 et 18 août (d'où la date de parution de cet article pardi: 40 ans tout juste!) dans les environs de Woodstock (dans l'état de New York -en Amérique donc, ne faites pas les ignorants!) non loin de Bethel plus précisément.
En avant donc pour ce -long- dossier sur le festival de Woodstock: 3 jours de paix et de musique; qui retrassera un historique et rassemblera nombre d'informations et d'annecdotes glanées ça et là. « Trois jours de paix et de musique. Des centaines d'hectares à parcourir. Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l'air pur ». Tel était le slogan proposé par les organisateurs du festival dans les annonces parues un peu partout dans la presse américaine. Mais revenons d'abord sur la genèse et le contexte de cet événement pour en comprendre le déroulement et l'ampleur. Nous sommes donc en 1969, Armstrong (n'était pas noir) et l'équipe d'Appolo 11 ont mit à terme un rêve cher à des milliers d'enfants (marcher sur la lune), Nixon trône dans un grand et large fauteuil en cuir dans la Maison Blanche américaine, les soldats américains sont plus que jamais embourbés dans les jungles vietnamiennes, les manifestions pour leur retrait rassemblent toujours plus de monde et.. et.. Brian Jones (fondateur des Rolling Stones) est retrouvé mort noyé dans sa propre piscine le 3 juillet. Le festival de Woodstock, c'est en quelques sortes le sommet du mouvement contestataire hippie, même si il n'a pas fait retiré les troupes américaines du Viet Nam et qu'il a creusé un déficit immense pour ses organisateurs (surtout en frais de réparation pour le voisinage, certains artistes n'ont d'ailleurs pas été complétement payé pour leur show), Woodstock a marqué un tournant dans l'histoire de la musique.
C'est à la suite d'une petite annonce dans le New York Times et le Wall Street Journal que Michael Lang et Artie Kornfeld s'associèrent à John Roberts et Joel Rosenman (qui bénéficièrent d'un héritage particulièrement important) pour créer leur propre festival de hippie près de New York (suite au Monterey Pop Festival de 67 -70 000 personnes- et au Miami Pop Festival -100 000 personnes). C'est un fermier de Bethel (Max Yasgur) qui leur loua son terrain de 243 hectares (contre 50 000$) pour préparer l'événement.

Il fallait aux jeunes entrepreneurs réunir un minimum de 50 000 personnes pour ne pas être déficitaire et 75 000 personnes leur aurait assuré une seconde édition et une belle popularité dans le monde, cependant, aucun d'entre eux n'avait imaginé que le festival réunirait entre 300 et 400 000 personnes venues d'Amérique principalement et d'ailleurs créant ainsi un des plus grands rassemblements musicaux (juste derrière un live des Stones à Rio et le Monsters Of Rock de 1992 à Moscou).
C'est le groupe de John Fogerty (les Creedence Clearwater Revival) qui signa le premier pour participer à ce projet ambitieux baptisé originalement Woodstock Music & Art Fair. Ils furent rejoint plus tard par pléaide d'artiste de renom pour l'époque comme les Who, Janis Joplin, Grateful Dead, Crosby Stills Nash & Young, Jefferson Airplane, Sly & The Family Stone ou encore Jimi Hendrix. Avec une telle affiche, un tel cadre, le bouche à oreille prit (on parla notamment du retour de Bob Dylan -accidenté en moto- qui habitait dans les parages avec son groupe The Band) et bientôt le festival ouvrit ses portes. Plusieurs milliers de festivaliers étaient déjà arrivés la veille et quand ils se rendirent compte que le festival attendrait bien plus que ses hautes espérances de fréquentation, les organisateurs le rendirent gratuit. Des kilomètres de bouchons commencèrent à s'accumuler sur toutes les routes menant à la propriété de Max Yasgur nommée White Lake et les camions acheminant le matériel -et les musiciens- furent bloqués sur la route. C'est Richie Havens, artiste folk et noir qui ouvrit le festival (et non Sweepwater, programmé, qui était bloqué dans les embouitellages) suivi peu après de Country Joe McDonald qui trainait sur les bords de la scène comme simple spectateur. Country Joe était déjà une figure musicale majeure des années 70 pour son opposition ferme à la présence américaine dans la guerre du Viet Nam et qui fit de Woodstock une réunion contestataire de cette présence (notamment grâce à sa chanson I-Feel-Like-I'm-Fixing-To-Die-Rag et sa célèbre introduction: « Donnez moi un F.. Donnez moi un U.. Donnez moi un C.. Donnez moi un K.. Qu'est-ce que ça donne? -La guerre »). Se succédèrent alors des artistes comme Melanie, Arlo Guhtrie, Ravi Shankar et Joan Baez -enceinte- qui clôtura ce premier jour (en interprétant et dédiant une chanson sur son mari qui fût emprisonné pour avoir refusé d'être parti au Viet Nam).
Le festival commença à prendre une tournure délirante par le comportement de ses participants et l'usage et l'abus de substance illicites en vogue dans le mouvement hippie. Le samedi 16 se succèdèrent la fine fleur de la contre-culture hippie en matière de musique à savoir: John Sebastian (folk), Santana (world fusion), Canned Heat (boogie blues), les Creedence Clearwater Revival (folk rock), Janis Joplin (blues acid rock), Sly & The Stone Family (soul psychédélique), les Who (rock) et Jefferson Airplane (rock psychédélique) dans des shows endiablés. Si le jeune Carlos Santana est appelé sur scène alors qu'il est sous mescaline (substance hallucinogène), son batteur -Michael Shrieve- se fera remarqué par son âge (20 ans, plus jeune musicien du festival) et sa prestation extraordinaire sur le morceau Soul Sacrifice. Janis Joplin sera elle, aidée à monter sur scène (ivre morte et imbidée de drogues) et marquera le coup par un Summertime Blues légendaire.
L'organisation est dépassée par la foule, l'hygiène devient rapidement déplorable car le dimanche des pluies s'abattent sur la région interrompant temporairement le festival. Les artistes et des vivres sont amenés par des hélicoptères de l'US Army (un comble!) sur le festival à cause des intempéries et de la circulation calamiteuse. La zone est déclarée sinistrée.
Les réserves de nourriture locales s'épuisent et rapidement un commité de soutien aux festivaliers est ouvert (regroupant des fermes et des familles qui leur préparent des sandwichs qui sont envoyés par camion ou hélicopter). Cependant, autour de Woodstock, malgré les foules venues de toute l'Amérique pour assister au festival, la vision des américains sur la culture hippie changea (ils étaient alors considérés comme des voyous drogués qui détruisaient tout sur leur passage). Dans les villes alentours où certains allaient se ravitailler en vivres l'on ne déplaura aucune violence (le festival ne dénombre d'ailleurs aucun mort et une naissance), les hippies suivirent les règles instaurées par les magasins locaux (queues, prix excessifs) sans débordement. Ils répondaient même avec humour aux remarques désobligeantes quant à leur tenue ou leur façon de vivre dans le festival. Le shérif local ne rapporta aucun excès durant les 4 jours et constata: « Nous avons eu moins d’ennuis avec ces 450 000 jeunes qu’avec les vacanciers ordinaires ». Un bref discours de Max Yasgur à la foule traduit ainsi l'évolution dans les moeurs de la culture hippie: « Vous avez prouvé quelque chose au monde entier, qu’un demi million de jeunes peuvent se rassembler et s’offrir trois jours de musique et de bons temps et que rien d’autre ne leur arrive que du bon temps et de la musique. Dieu vous bénisse ».
Le dimanche 17, l'on vit lancer la carrière d'un certain Joe Cocker (si c'est lui qui chante ça) notamment grâce à sa reprise des Beatles (With A Little Help From My Friends de l'album Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band) et la popularisation d'un célèbre guitariste albinos à savoir Johnny Winter (qui fût en fait lancé quelques temps auparavant par Mike Bloomfield -dont je reparlerai- et Al Kooper), Al Kooper accompagné de Steve Katz qui apporta également sa contribution au festival avec son groupe Blood, Sweat & Tears. On vit également monté sur scène ce dimanche le groupe Ten Years After (popularisé peu avant grâce à son "tube" I'm Going Home), Country Joe et son groupe The Fish, Crosby Stills Nash & Young (Neil Young qui refusa d'être filmé -sur le set électrique et ne participera pas à l'acoustique -pour d'obscures raisons) et le groupe de Bob Dylan (sans lui malheureusement): The Band.
Ayant prit du retard avec les différentes interruptions, le festival continua jusqu'au lundi matin où le Paul Butterfield Blues Band et Sha-Na-Na se succédèrent avant de laisser le champ libre à la véritable icône et tête d'affiche du festival, j'ai nommé: Jimi Hendrix.
Même si la plupart des spectateurs étaient déjà partis dans la nuit, les environs 35 000 restants eurent la chance d'assister à l'un des meilleurs concerts de tous les temps. Devant clôturer le festival, Jimi Hendrix débarqua sur la scène avec sa nouvelle formation The Gypsy Sun & Rainbows (il est accompagné de Billy Cox à la basse -un ami rencontré pendant son séjour dans l'armée de l'air- et Mitch Mitchell à la batterie -batteur de l'Experience). C'est d'ailleurs lors de sa célèbre interprétation distordue de l'hymne américaine (Star Splangled Banner) qu'Hendrix réveillera l'Amérique qui ne se retrouve plus dans ce qu'elle est (notamment son implication dans la guerre du Viet Nam et les droits de chacun de ses habitants). Puis finissant sur le pacifiste Hey Joe, le festival ferme ses portes laissant plus de 200km de bandes filmées (qui donneront naissance à un film l'année suivante récompensé de l'oscar du meilleur documentaire), le sentiment d'avoir fait changer quelque chose pour chacun de ses participants et des lives qui resteront à jamais gravés dans l'histoire de la musique.
Alors aujourd'hui, que reste-t-il concrétement de Woodstock? Eh bien, 40 ans après, Woodstock reste la preuve qu'une génération pouvait bouger et se rassembler pour un idéal et autour de la musique. Même si deux autres festivals prirent place 25 ans et 30 ans après (en 1994 et 1999 donc), ces deux éditions étaient loin, bien loin du véritable esprit de l'original. Symbôle aujourd'hui du mouvement hippie (mort et enterré), synonyme de liberté et de drogues , machine à sous inépuisable, Woodstock est aujourd'hui mort, vive Woodstock.

Voici ci-dessous une liste de lien et quelques vidéos de ma sélection pour illustrer le tout:
-Lien vers Elwood (site français regroupant des informations diverses et des vidéos sur Woodstock)
-Lien vers la page Wikipedia FR et US sur Woodstock
-Lien pour regarder Jimi Hendrix - Voodoo Child (Slight Return)
-Lien pour regarder Ten Years After - I'm Going Home
-Lien pour regarder Santana - Soul Sacrifice
-Lien pour regarder Country Joe McDonald - I-Feel-Like-I'm-Fixing-To-Die-Rag

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Veuillez écrire votre commentaire.